Ruth Dejean, étudiante haïtienne en design industriel : « Montréal est une ville humble »

l'UdeM racontée par ses étudiant.e.s
Par
Daisy Le Corre

Ruth Dejean, 23 ans, originaire d’Haïti, est en troisième année de baccalauréat en design industriel à l’Université de Montréal (UdeM). Avant de s’installer au Québec en 2013, elle avait l’habitude de venir passer ses vacances à Montréal. Aujourd’hui, elle prend tout ce que la métropole peut lui offrir et espère pouvoir, un jour, le rendre à la communauté haïtienne.

« Je n’ai pas étudié le design industriel dès le début, j’ai d’abord commencé en sociologie avant de vouloir me lancer en design d’intérieur », confie Ruth qui a jeté son dévolu sur l’École de design de l’UdeM — la seule à offrir un baccalauréat en design industriel au Québec. « Finalement, j’ai découvert le design industriel, un domaine plus vaste avec de plus larges perspectives qui se présentaient à moi », raconte cette fille d’architecte diplômée du système français au Collège Stanislas.

« Quand je parle aux gens, ils ont l’impression que j’ai grandi ici, mais en fait pas du tout! », précise Ruth, parfaitement intégrée. « Montréal est une ville humble et accueillante, c’est vrai! Je l’ai vécu. »

C’est aussi son parcours francophone et sa volonté d’étudier en français qui l’ont poussée à choisir l’Université de Montréal. « J’étais intimidée à l’idée d’aller étudier dans un univers anglophone, c’est la raison pour laquelle l’UdeM me convenait parfaitement. »

Une même langue mais une culture différente

En arrivant au Québec, confrontée à une nouvelle culture francophone, Ruth se souvient que le rapport aux professeurs l’avait un peu déboussolée. « En Haïti comme en France, les profs, on les vouvoie. Ici? Ça ne passe pas du tout! On les appelle aussi directement par leur prénom (rires). C’est un petit choc culturel quand on débarque ici », avoue l’étudiante également passionnée par la vidéo (à tel point qu’elle a même lancé sa propre agence multimédia) et le biomimétisme.

Ses projets pour l’avenir? « J’envisage de rentrer dans mon pays, pour rendre à la communauté », lance simplement Ruth qui estime qu’il y a tellement de choses à faire en Haïti. « Je n’ai pas envie de rester les bras croisés ici à attendre que quelqu’un le fasse à ma place. » C’est du côté de l’environnement qu’elle aimerait commencer à agir en aidant son pays natal à développer un système de recyclage et de compostage. « Là-bas, ça n’existe pas encore! Les Haïtiens qui arrivent au Québec ne sont pas éduqués à ces pratiques de recyclage. Il y a beaucoup à faire. »

Quant au fameux hiver canadien… « Je ne m’y habituerai jamais! », lance l’étudiante en éclatant de rire. Mais cela ne l’inquiète pas plus que cela et pour cause. « Je ne compte pas rester vivre ici, j’ai envie de visiter le monde, de voir d’autres cultures. Peut-être en Europe ou en Asie. » L’avenir le lui dira. Quoi qu’il arrive, l’UdeM restera gravée dans sa mémoire et son parcours de vie.


Daisy Le Corre
#Globe-trotteuse #Plume à papote #Queer

Journaliste, Daisy est une amoureuse des mots et de la vie des gens et a toujours des idées plein la tête! Indiscrétion : elle voue un culte infini à Catulle Mendès, l'auteur qui lui permet d'étudier l'androgynie dans les oeuvres décadentes du 19e siècle. Raison pour laquelle elle poursuit sa recherche en littératures à l’UdeM.