Le jour où j’ai arrêté de viser la perfection
- Plonger dans la vie de campus
Voahirana Raharison
Le piège du rêve Instagram
Nous aimerions tous commencer nos journées comme dans une mise en scène Instagram… mais soyons honnêtes. Ton alarme va sonner à une heure qui t'oblige à choisir entre une douche et cinq minutes de sommeil supplémentaires. Tu vas trouver des vêtements au sol qui semblent à peu près propres. Le café sera instantané, ou tu l'oublieras complètement et réaliseras à 9 h que c'était une erreur stratégique majeure. Ton agenda ? Semé de cours aux horaires qui semblent défier toutes capacités humaines.
Nous avons tous—tous—essayé de mettre en place des routines de rêve.
- Tu as acheté un journal de gratitude
- Tu as téléchargé une application de méditation
- Tu t'es promis de te lever à 5 h 30 pour avoir une routine matinale d'une heure
Et deux semaines plus tard ? Ton journal sert de sous-verre et tu te lèves à 7 h 55 pour un cours à 8 h 30.
Voici le problème : on s’en demande trop.
Aussi, voici ce que personne ne dit assez fort : tu vas te brûler si tu attends d'avoir une heure de libre à 22 h pour faire quelque chose que tu aimes. À 22 h, ton énergie est juste assez élevée pour scroller ou dormir. Personne ne peint un chef-d'œuvre à 22 h. Personne n'écrit un essai brillant à 22h—enfin, techniquement si, mais ce n'est pas l'idée.
Ce qui fonctionne vraiment
En première année, j'ai essayé tout ça. Journal de gratitude, alarmes à 5h30, planning hyper-structuré. Puis j'ai réalisé quelque chose : je n’étais pas en train de devenir plus productive, j’étais en train de m’épuiser inutilement, ou même, de faire de la procrastination active. À force de viser l’idéal, même les choses les plus simples devenaient pénibles. Le travail le plus complexe et exigeant à faire ne devrait pas être notre planification. Cela mène à une fatigue décisionnelle avant même de commencer à faire la tâche qui va nous faire réellement avancer. Oublie le rêve, les routines idéalisées. Ce qui marche, c'est ce qui est petit, faisable, et honnêtement, un peu décevant quand tu l'écris noir sur blanc.
Tu ne vas pas construire une routine de yoga-méditation-journaling en 45 minutes. Choisis plutôt trois choses que tu aimes vraiment faire—pas imaginer, mais vraiment faire—et que tu peux caser en 15 à 20 minutes. Comment les trouver ? Simple. Qu'est-ce que tu reportes toujours à plus tard, que tu as envie de faire, mais que tu n'as pas eu le temps de faire depuis trois mois ? Voilà. Ça, ce sont tes trois choses. S’installer à la fenêtre avec de la musique, griffonner quelques mots ou images, lire trois pages d’un roman, marcher dehors — rien d’héroïque, juste ce qui te donne envie de te lever le matin. Ces instants n’ont pas vocation à être productifs. Ils te rappellent que la vie ne se résume pas à une accumulation d’obligations. La vie, c’est aussi faire quelque chose que tu aimes lorsque tu as encore de l’énergie pour l’apprécier pleinement.
Doctorante en relations industrielles à l’UdeM, j’arpente les couloirs des politiques publiques, de l’économie et des contrariétés propres à la vie universitaire. Entre deux graphiques et quelques variables, je prends le pari audacieux de m’attarder à ce que l’on ignore souvent : la beauté tapie dans la routine.
Dans mes articles, attendez-vous à voir la réalité étudiante sous un angle qu’aucun cours n’avait anticipé : gestion du temps, choix existentiels en se brossant les dents, et art délicat de survivre à la productivité imposée. Pas de grandes tirades, mais un regard vif sur ce qui façonne (et parfois titille) notre quotidien. Pour celles et ceux en quête de lucidité, de clins d’œil et de réflexions sans fard, je vous offre des pages où l’ordinaire révèle, à l’occasion, son panache inattendu.